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Un marathon

  • Photo du rédacteur: Sidonie
    Sidonie
  • 12 avr. 2024
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mars

Ça sert à quoi un marathon ? Aller d’ici à ailleurs, en restant au même endroit, pour finir dans la douleur.


Ça ne sert pas à grand chose un marathon.

C’est un projet, courir. Un défi, un objectif. Tu vas peiner, regretter, douter. Tu vas surtout vouloir retourner sur ton canapé mais finalement, tu ne vas pas t’arrêter...

Un marathon, ça devient un chemin initiatique pour aller chercher des poussières de Graal. Et tu ne sais pas encore, en t’élançant dans ta première foulée, à quel point ces broutilles peuvent être magiques.

Tu ne sais pas encore qu’à l’arrivée, cette course, si inutile dans un monde qui s’effondre, va t’ouvrir la porte vers un tel élan de vie.


Un marathon, c’est des déplacements de bien trop loin et beaucoup de plastique. Est ce que nous avons encore le droit de nous autoriser cela ?

Mais un marathon, ça change des vies. Celle des champions évidemment. Celles des tous petits aussi. Beaucoup. Profondément.

Peut-être pas de la plus écologique des manières mais un marathon, ça met de l’espoir dans toutes tes brèches. Ça met de la fierté sur toutes tes blessures. Ça met du courage dans ton corps meurtri.

Ça met un baume de sueur dégueulasse sur toutes tes plaies. Tu pues l’effort trop intense mais tu sens la résilience. Une petite partie du peloton suintera forcement l’ego et la démesure. Le manque de raison, la frustration et la jalousie. Mais au milieu de tous, il y a les fracassés, ceux qu’on a dit incapables, les lents, les malades, les blessés, les perdus. Ça vibre tant de courage et de volonté. Un marathon, ça devient un enjeu de vie.


Ça sert à tout un marathon.

Un marathon, c’est un chemin. Une parenthèse sur ton chemin. Un fil conducteur sur ton chemin. Un support. Une béquille. Un élan. Une raison.

Un marathon, c’est une lueur dans ta nuit. Une répétition de la vie. Des difficultés, des imprévus, des claques en plein visage, des limites que tu repousses. Avancer contre le vent et malgré la pluie. Poursuivre sous le soleil écrasant. C’est risquer de te faire piétiner si tu trébuches mais t’accrocher à chaque main tendue et te faire encourager à chaque coin de rue.

Tout seul, ça ne sert à rien un marathon. Mais dans un parcours sinueux, dans le chaos de nos vies, ça sert à tout un marathon. Ça panse les plaies, ça remet debout, ça donne confiance. Ça répare, ça pardonne, ça fait tourner la page. Ça symbolise.

C’est un pas de plus qui te donne le droit. C’est t’autoriser à être, quoi qu’on en dise. C’est tout ce que tu ne peux pas comprendre tant que tu ne l’as pas vécu.

C’est un shoot de vie, éphémère, impalpable, inoubliable.


Un marathon, c’est un peu de sport et une quête de ton amour propre effrité. Ça détruit ta fibre musculaire pour reconstruire ton âme avec l’énergie glanée sur le macadam.

Quand tu franchis la ligne d’arrivée, c’est une minute que personne ne peut abîmer.

C’est un moment où la vie te dit que tu peux. Un instant où tu souris pour toi sans attendre de retour. Tu ne cherches l’approbation de personne. Tu apperçois dans ces quelques secondes ta pleine puissance qui te monte des tripes dans un souffle plein de larmes. Peu importe l’échelle de valeur du mérite, tu es là, toi, fragile et minuscule grain de vie, tu l’as fait.

Dès le lundi, tu vas retourner brasser le sombre de ton existence. Rien n’aura changé mais toi, tu auras infiniment bougé. Tu auras déplacé ta montagne, remis tes choses à leur place. Tu auras rassemblé ton courage et choisis de regarder bien en face.

Tu sors de ton tunnel, tu t’offres du respect et du courage.

Demain, tu es plus fort. Demain, tu es capable.





Un marathon, ça se planifie.

C’est un énorme rien, quelques heures d’une journée. Ça se prépare, ça s’organise. C’est te replacer en priorité durant les longues semaines de prépa.

Mais parfois, ça vient te chercher par surprise. Une opportunité, les étoiles qui s’alignent, comme un signe. Tu n’es pas tout à fait prêt mais est-ce qu’on l’est vraiment chaque fois que la vie nous saisit ? Est-ce que tu vas passer à côté en te cachant derrière de fausses bonnes raisons, pleines de tes doutes et tes complexes ?

Un marathon, c’est partir te retrouver.

Alors, tu prends le départ et tu sens déjà monter la puissance de l’instant. Tu regardes les kilomètres défiler sous tes pieds. Tu ne peux rien faire d’autre qu’être pleinement dans l’instant présent. Sans vrai plan et sans projet, tu te laisses porter. Juste parce que tu es là, vivant.

C’est quelques heures, de l’eau, du sucre, du macadam et tes baskets. Rien de plus.


Rien de plus mais tellement plus. Un marathon, c’est un concentré de choix.

C’est choisir dans quel état d’esprit tu vas aborder ce qui se présente à toi. Même dans l’inconfort, tu as toujours ce choix.

C'est replacer la performance à sa juste place. Le choix du brut ou du subtil. Le choix de s’en tenir au corps ou de voir plus loin, d’être rigide, rigoureux ou fluide.

Tu as le choix de marcher pour reprendre des forces, de ralentir pour repartir plus fort. Tu as le choix de ne rien lâcher dans la douleur.

Car tu le maîtrises cet inconfort, ce qui te surprend ou t’accable n’est que temporaire et futile.

Tu as le choix de t’arrêter et de dire que cela ne te convient pas. Faire demi tour et même te tromper.  Tu peux recommencer. Et échouer encore. Tu as pleinement le choix.

C’est un petit condensé très révélateur qui te place fermement face à toi même.

Même si tu l’as un peu cherché, ça vient te demander si là, maintenant, tu crois un peu en toi. Ne te tourne pas vers les autres, toi, les yeux dans les yeux. A quelles peurs vas-tu laisser la place ? A quels doutes vas-tu laisser la priorité ? Derrière quelle mauvaise raison vas-tu t’effacer ? Quelles limites vas-tu te poser ?


Ce n’est pas plus difficile que ton corps alité et que cette main dans ton ventre sans explications ni anesthésie.

Ce n’est pas plus difficile que les insomnies et les cris d’angoisses de ton enfant dans la nuit.

Ce n’est pas plus difficile qu’un parent défaillant, qu’un mari enfermant.

C’est éphémère et volontaire.

Tu vas écouter tout ce que ton corps a à te dire, dans les moindres recoins de ton âme.

Tu termines dans une douleur facile à oublier, pour repartir boitillant mais tellement moins bancal. Ce n’est que le début.   


Un marathon, ça ramasse les pièces de ton puzzle éparpillé pour te fabriquer une jolie mosaïque harmonieuse.





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