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Maman, est-ce qu’il existe quelqu’un qui peut enlever tout ce que j’ai dans la tête.

  • Photo du rédacteur: Sidonie
    Sidonie
  • 16 avr. 2023
  • 4 min de lecture



Depuis peu, il y a une flopée de psy qui virevoltent autour de toi.

Psychologue, neuropsy, pédopsy, psychomot… J’ai pris un premier rendez-vous comme on ouvre une cage et toute la meute a déployé ses ailes, d’envergures si larges pour bien te rabattre dans les coins. J’ai été prise de vertiges. En te tournant dans l’autre sens, on devrait pouvoir te faire entrer dans le moule, non ? Je les regarde impuissante te disséquer l’esprit. Est ce que j’étais dans le déni ? Je pensais qu’il te fallait juste un peu plus de temps pour grandir. Ça va si vite dans ta tête, ça bouge tellement dans ton corps.

Déjà, quand tu étais dans le mien de corps, tu tambourinais aux parois, tu me boxais l’estomac. Alors je n’ai pas trouvé ça si étrange que tu te roules partout. Et puis, de toutes façons, les émotions, ça traverse la matière de bout en bout. Sinon ça se bloque et ça nécrose le coeur.

J’ai accepté, trop souvent fatiguée mais j’ai accepté de t’aimer tel que tu es.

Tu grimpes, tu te roules, tu sautilles, tu te contorsionnes depuis toujours, jamais tu ne t’assoies. Et alors ? Si c’est la joie et la passion qui t’habitent, bouge mon petit.



Comment je vais te dire que les mercredis dont tu as tant besoin pour jouer enfin librement, vont disparaître pour qu’un expert te remette les émotions à l’endroit. Que tu ne vas plus aller aux ateliers chez la fleuriste que tu aimes tant mais encore te faire observer le coeur. Ça n’existe pas les psyfleurs pour les petits gars comme toi, on ne laisse pas beaucoup de place à la poésie pour s’épanouir et pourtant, on sait bien que la normalité, ça n’existe pas vraiment.


Je n’aurais jamais assez d’une vie pour explorer toutes tes passions. Il me faudrait bien plus d’une vie pour accueillir toutes tes angoisses. Est ce que je ne suis pas trop égoïste lorsque tu me sors de ma zone de confort ? Je voudrais te laisser vivre en paix tes explosions de joie dans le mouvement mais j’appelle à l’aide dès que tes angoisses débordent dans la nuit. Tu es intense, dans les deux pôles. Je ne voudrais que le meilleur et te protéger de trop de variations. Mais les nuances de vie sont multiples et les expériences terrifiantes.

J’accepte mais peut-être juste à demi… Peut-être parce que deux hyper face à face, ça fait vraiment beaucoup de trop sensibilités à éponger, les yeux dans les yeux, lorsqu’il fait trop noir.

J’ai une vie à vivre aussi, avec mon intensité et mes rêves. Jamais assez de tout non plus mais souvent trop de quelque chose. Je nous voudrais des vies par milliers pour parcourir nos deux mondes.


Mais tu sais, mon petit gars, ne t’inquiète pas trop de tout cela, ta maman, elle est plutôt bizarre elle aussi.

Elle pleure quand il y a trop de bruit, elle s’évanouit quand il y a trop de monde, elle bafouille quand on la regarde trop fort, elle ne respire plus quand on lui crie dessus.

Et pourtant, ta maman, elle a dix milles mondes merveilleux dans la tête. Elle ne sait pas faire pleins de choses. Elle en a appris et oubliés beaucoup, plus tout ce qu’elle n’a jamais pu retenir. Ta maman, elle n’est pas à l’aise dans son corps mais elle sait danser avec l’énergie au creux de ses mains. Ta maman, elle ne sait pas s’exprimer facilement mais elle sait jouer en secret avec les mots. Ta maman aussi, a des jours où elle pleure plus qu’elle ne rit mais elle n’oublie plus jamais que c’est l’amour qui nous guide vers la vie.

Elle a des compétences étranges qu’on ne sait pas où mettre sur un cv. Elle aime ce qui vibre et puisque ce n’est pas encore assez enseigné à l’école, elle va te l’apprendre avec le cœur.


Ta maman, elle ne te comprend pas toujours mais elle te ressent, depuis le premier cri. Elle a aussi le cerveau à l’envers mais les pieds bien en terre et le cœur très ouvert. Tu verras, mon petit, on grandit bien même de travers.

Apprends ce qui t’intrigue, découvre ce que tu ignores, laisse tes pas te porter et tes intuitions te guider. Mais surtout, toujours, donne toi le droit d’évoluer. Laisse glisser les phrases qui te figent, elle n’appartiennent qu’aux autres qui, en fait, doutent d’eux-mêmes.


Quand les nuits deviennent trop longues, je voudrais pouvoir te laisser hiberner dans mon cœur chamallow. Tu ressortirais au printemps, les yeux rieurs et reposés pour aller me cueillir des bouquets dans un murmure, maman, je n’ai pas pu résister.


Tu es tellement plus. Plus que ces diagnostics contradictoires, plus que ces cases, plus qu’un protocole ou qu’un programme. `

Je ne comprends pas pourquoi personne ne te voit comme je te ressens. Parce qu’on n’a plus le temps de s’émerveiller. Le délicat, qui sait si bien décrire ses ressentis si on prend le temps d’écouter sa réponse. Le vif, qui aime faire rire avec ses bons mots. Le tendre, qui n’aura jamais assez de doudou pour sa barricade contre les bruits terrifiants de la nuit. Le sensible, qui pleure dans la galerie des espèces disparues et voudrait sauver tous les animaux. Mon différent qui voit les lettres en couleurs, qui perçoit le subtil et entend les âmes.


Tu es bien plus que tout ce qu’ils voient, tu vaux plus que le temps qu’on te donne pour fleurir et ce n’est pas uniquement parce que je t’aime.

C’est magique dans ta tête, mon petit gars, c’est le monde qui, trop souvent,

ne l’est pas.






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